J’imagine que ça peut venir de l’attaque, l’amalgame, ou l’avocat du diable.
Le tout, avec la gaussienne (répartition mathématique de tous les cas possibles).
L’attaque
Si tu dis que je fais mal quelque chose, je peux le percevoir comme si tu disais que je suis mauvais. Le principe est de décorréler “tu as fait quelque chose de pas optimal une fois” de “tu es vraiment un gros abruti” (cf mon post séparé sur le le pessimisme acquis et l’optimisme appris).
Bien sûr tu ne peux pas te mettre à la place de celui qui lit ton texte : s’il lit les critiques sous la forme (permanent, personnel, général) et pas sous la forme (temporaire, impersonnel, spécifique), il se fâchera tout seul quoi que tu fasse.
Tu peux tenter toutes les techniques de la CNV (écoute active, trouver les besoins de l’autre et exprimer les siens) ou envelopper ton point avec des “si” ou des “dans certains cas”, mais tu n’as pas la place ni le temps d’ajouter ces warnings dans les réseaux sociaux ou les microblogs, et de toutes façons ça affaiblirait ton point.
Je pense que c’est pour ça que les réseaux sociaux nous rendent… asociaux
L’amalgame
Pas de bol : si ton interlocuteur a croisé une fois [un sportif, un geek, un vegan, une féministe]… et que quelque chose n’a pas été 100% positif, tous les suivants vont payer pour le premier.
Pas de bol, les biais cognitifs existent, et même quand on les connaît c’est super dur de lutter : si c’était ton préjugé de départ, si le premier et le dernier geek que tu as croisé t’ont fait mauvaise impression, si tes potes pensent que les geeks mangent mal, sont en mauvaise santé ou ne sont pas sympa… ben tu vas penser que c’est la nature profonde et permanente des gens (causes internes) et non pas les circonstances du jour (il avait acheté son seul McDo en 10 ans parce qu’il n’avait pas eu le temps de faire mieux, il avait pris un coup de froid, et il était fâché : causes externes).
C’est l’erreur fondamentale d’attribution.
Je n’ai pas trop de piste pour sortir de l’amalgame, désolé.
L’avocat du Diable
Appliquons ce principe à la situation : et si la personne qui te répond n’est fondamentalement pas sexiste, mais qu’elle a voulu juste aujourd’hui forcer le trait ?
Elle te fera une réponse désobligeante alors qu’elle a un bon fond.
C’est pour ça que j’essaie d’arrêter les réponses “smartass” : sortir un bon mot d’esprit, c’est facile, ça fait plaisir, ça flatte l’égo, on se sent supérieur et on croit impressionner les copains. En fait, on va surtout agresser les gens et passer pour un vilain.
Et enfin : la gaussienne
Pour moi, la seule vraie indication qui va éviter ces biais, c’est de voir la suite et les actes.
(c’est aussi un peu rassurant parce que ça veut dire qu’on peut pardonner les erreurs de jeunesse : les siennes et celles des autres)
Personnellement, je vois passer beaucoup d’offres d’emploi, et quand je remarque que le langage est majoritairement masculin, je vois très bien la répartition des réactions face à la remarque :
- de rares “ah oui, je change tout de suite”
- quelques “je suis pas convaincu mais bon, je change pour te faire plaisir et on verra”
- pas mal de “la prochaine fois” (des débats ou remarques qui feront leur chemin dans la tête de l’interlocuteur, et un jour ça va finir par rentrer)
- une grosse proportion de “bof” ou de gens qui t’ignorent
- pas mal de débats qui ne vont pas changer grand chose
- quelques débats qui partent en vrille voire s’enveniment
- de rares moments où ça part en insultes directement
Bref : c’est une gaussienne. Plus la réaction est extrême (“bonne” ou “mauvaise”) plus elle est rare. Mais vu que le gros du chiffre c’est la “majorité silencieuse”, ceux qui feront l’effort de réagir sont forcément les “minorités vocales”.
Enfin, pour répondre à la question “comment gérer…”, pour moi, ça devient :
- ce n’est pas très grave car ce n’est ni méchant ni contre moi
- ce n’est pas forcément une personne agressive mais des circonstances du moment
- ce n’est pas la peine de réagir, car les “convaincus” ne changeront pas d’avis, que j’y passe 5mn ou 2 semaines